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Pavot à graines noires

Au point de vue médical, l’huile d’œillette a été très utilisée par les médecins pour les mêmes usages que l’huile de Lin ou que l’huile d’Amandes douces.

Lémery, grand pharmacologue du XVIIIème siècle, admettait que les semences du Pavot noir « sont anodines, pectorales et adoucissantes et l’huile que l’on en tire et propre à décrasser et à adoucir la peau ».

Plus près de nous, Cazin, ardent propagandiste des plantes de son Calaisis natal, considérait l’huile d’œillette comme un excellent laxatif, « dont quelques onces suffisent à déclencher plusieurs selles ».

Dubois, de Tournai, l’a proposée comme succédané de l’huile de foie de morue, bien plus acceptable que celle-ci, et en donna pour preuve une vingtaine d’observations dans le traitement des affections scrofuleuses et du rachitisme.


Famille des Papavéracées.

Appelée aussi Pavot-Œillette ou Pavot oléagineux, cette variété de Pavot, aux grandes fleurs à pétales blancs tachetés de violet ou de pourpre, se rattache, d’après Candolle et autres botanistes, au Pavot porte-soies (Papaver setigerum), originaire de la région méditerranéenne et retrouvé dans les palafittes suisses. Ses capsules ne contiennent pas les alcaloïdes que l’on rencontre dans celles du Pavot blanc, ou Pavot à opium.

Ce sont ses graines noires, parfois bleues, qu’on utilise afin d’en extraire l’huile d’Œillette.
Presque uniquement cultivé dans le Nord de la France, ce Pavot devint de plus en plus rare de nos jours.
L’huile d’Œillette, devenue désormais une production quasi artisanale appelée à disparaître, est pourtant, pour les amateurs, une huile fine à saveur de noisette avec laquelle l’insipide huile d’arachide ne saurait rivaliser.

Les Romains, qui utilisaient les graines noires du Pavot oléagineux, semblent avoir ignoré l’huile d’Œillette. Ils mêlaient les graines au miel comme condiment ou, après les avoir torréfiées, les pétrissaient avec de la farine pour en faire des gâteaux appréciés, le placenta mellite papaver.

Ces graines entraient aussi dans le cocetum, boisson qu’on offrait aux jeunes mariés au moment de leur coucher…, ce qui semble prouver que les Romains n’accordaient pas de vertus calmantes à ce Pavot-là.

Les Gaulois utilisèrent l’huile d’Œillette, et le Pavot oléagineux continua à être cultivé en Allemagne, en Flandre, en Europe Centrale.

Au XVIème siècle, l’huile d’Œillette, moins sujette au rancissement que l’huile d’olive et moins chère, était fort prisée à Paris.

Hélas ! Au début du XVIIIème siècle, quelqu’un s’étant avisé de la trouver narcotique, donc nuisible, l’huile souffrit d’une certaine désaffection, malgré l’avis favorable, rendu en 1717, par la faculté de médecine.

Le parlement en défendit même la vente en 1742, et il fallut, pour casser l’arrêt du parlement, les travaux de l’abbé Rozier en 1774 (le même qui protégea aussi l’huile de Colza et de Navette).

Interne

De nos jours, l’huile d’Œillette est parfois encore utilisée dans les campagnes du Nord, comme adoucissant dans les inflammations de la vessie et, surtout, comme remède spécifique des constipations opiniâtres. On l’utilise à la dose de 10 g qu’on fait bouillir à gros bouillons dans un potage afin qu’elle s’émulsionne et puisse être absorbée sans répugnance.

Externe

Compresses. Imbibées d’huile, on les utilise sur les ulcères et les inflammations.

  • Pectoral
  • Adoucissante
  • Laxatif

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